Il s’agit des premières relations diplomatiques que le Canada entretient en son nom propre, alors qu’il est un pays à part entière et possède le contrôle de ses échanges internationaux depuis le Statut de Westminster, en 1931. Ces échanges donnent notamment lieu à la visite de nombreux étudiants haïtiens au Canada dans les années 1930, qui choisissent d’effectuer leurs études en ce pays. Cette diplomatie des cerveaux s’accompagne également des débuts d’une diplomatie religieuse. En effet, on assiste dans ces années aux premiers balbutiements des missions religieuses catholiques canadiennes en Haïti. À cause du partage de la langue française et de la foi catholique, les liens entre le Québec et la Perle noire des Antilles deviennent particulièrement solides.
Catégorie : Ligne du temps
19 janvier 1962 : Réforme de l’immigration au niveau fédéral
Le gouvernement canadien, avec le parti conservateur au pouvoir, fait adopter une réforme des mesures d’immigration au pays. Celle-ci abolit notamment les mesures discriminatoires basées sur la race en ce qui concerne l’immigration. Ce projet fut déposé à la Chambre des communes par la ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration Ellen Fairclough. Il s’agit d’une mesure importante, car elle favorisera grandement l’arrivée massive d’immigrants haïtiens au Canada dans les années suivantes.
1955-1965 : Première vague d’immigration haïtienne au Québec.
Cette première grande augmentation de l’immigration haïtienne au Québec est due à la prise de pouvoir du dictateur François Duvalier en Haïti. Le champion du mouvement noiriste se révèle rapidement hostile à la présence de populations blanches et mulâtres, qu’il considère comme des traitres à la nation haïtienne depuis ses origines. L’idéologie populiste de Duvalier fait également de lui un ennemi de l’élite intellectuelle haïtienne, qui compose en grande partie la première vague d’immigrants haïtiens des années 50-60 au Québec. Cette arrivée de professionnels (médecins, enseignants, etc.) est la bienvenue dans un Québec alors en manque de cadres et de personnel qualifié.
1972 : ouverture du Bureau de la communauté chrétienne des Haïtiens de Montréal et de la Maison d’Haïti
La fondation de ces deux organismes représente un moment fondamental dans l’organisation de la communauté haïtienne de Montréal. Ces institutions ont pour mission d’aider les nouveaux immigrants à s’intégrer dans leur nouveau pays en tentant de les soutenir dans les défis importants que pose l’arrivée l’immigration. Ils assistent notamment les nouveaux arrivants en mettant à leur disponibilité des cours en tous genres et en les aidant dans leur recherche d’emploi et de logement.
Novembre 1972 : Déportation de nombreux immigrants haïtiens
En 1972, les politiques canadiennes en matière d’immigration changent de nouveau. Avant la mise en place de cette réforme, il était possible pour les individus voulant immigrer au Canada d’obtenir leur admission comme résident au pays à partir du Canada. Ainsi, plusieurs Haïtiens quittaient leur pays natal en prétextant un voyage, mais sans jamais revenir, et obtenaient leur visa de résident une fois sur place. Suite à la réforme de 1972, il n’est désormais plus possible de procéder ainsi, car la demande d’admission doit être faite au pays d’origine, ce qui complique le processus. Cependant, la nouvelle de ces changements ne parvient pas en Haïti, et les agences de voyages profitent de l’ignorance de leurs clients. Les autorités canadiennes se retrouvent donc avec un afflux constant d’immigrants illégaux, et décident face à cela de menacer les nouveaux arrivants de déportation. Cette attitude intransigeante des autorités canadiennes provoque la mobilisation de la communauté haïtienne de Montréal, particulièrement lorsqu’on annonce la déportation de 1500 immigrants illégaux. Suite aux pressions de la communauté et des médias, les autorités canadiennes se ravisent et 55% des menacés de déportation obtiennent leur visa de résidence.
Milieu des années 70 : Seconde vague d’immigration haïtienne au Québec
Cette seconde vague d’immigration est due à un retour aux pratiques de torture et de persécutions par le régime Duvalier en Haïti. La peur des violences commanditées par le gouvernement affecte cette fois toutes les couches de la population haïtienne, ce qui a pour effet de faire de la seconde vague d’immigration un mouvement de populations moins spécialisées. Les nouveaux immigrants ne sont plus seulement des membres de l’intelligentsia haïtienne, mais également des ouvriers, des paysans, etc. Tandis qu’on qualifiait la première vague d’«exode des cerveaux», on parle ici d’«exode des bras». Avec le conteste de récession qui s’abat sur le Québec au début des années 80, cette immigration est moins bien perçue par les Québécois, qui la perçoivent comme une concurrence accrue pour les emplois les plus affectés par la crise.
1980 : Crise dans l’industrie montréalaise du taxi
1983 : Crise du Sida
Avec l’apparition du Sida durant les années 80, les Haïtiens sont pointés du doigt, au Québec et au Canada, pour l’introduction de cette maladie. La communauté haïtienne est particulièrement outrée lorsque la Croix-Rouge canadienne produit et distribue des tracts dans lesquels il est demandé aux gens de cette origine ethnique de ne pas faire de dons de sang. Cet épisode est représentatif d’une décennie des années 80 marquée par les épisodes de stigmatisation raciale de la communauté haïtienne au Québec.
7 février 1986 : Chute du régime Duvalier
En Haïti, le dictateur Jean-Claude Duvalier est poussé à l’exil par la grogne populaire. Dans les mois et les années qui suivent, on ne remarque pas de mouvement significatif de populations d’immigrants haïtiens québécois vers leur pays natal, ce qui tend à confirmer l’enracinement de la communauté haïtienne au Québec.
4 août 2005 : Nomination de Michaëlle Jean au poste de Gouverneure Générale
Le Premier Ministre Paul Martin désigne en 2005 Michaëlle Jean comme nouvelle Gouverneure Générale du Canada. Cette nomination, d’une québécoise d’origine haïtienne, plus qu’une simple anecdote anodine est vécue comme une grande fierté pour la communauté haïtienne du Québec. Pour cette communauté qui demeure informée des actualités en Haïti et qui voit la qualité de vie dans leur pays natal stagner ou avancer à petits pas depuis plusieurs années, la réussite sociale d’une des leurs est vécue comme une grande fierté. Exilée avec ses parents en 1968 au Québec, la nouvelle Gouverneure Générale devient un exemple d’ascension sociale et de détermination pour la communauté dont elle origine.
12 janvier 2010 : Séisme en Haïti
Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,0 sur l’échelle de Richter frappe Haïti. À Montréal, la communauté toute entière vit des heures d »inquiétudes et de tristesse, alors que l’attente pour des nouvelles de proches se fait longue et difficile. En réaction à cette catastrophe, la communauté montréalaise se rassemble, s’entraide et pleur ensemble ses disparus. Ce rassemblement s’effectue en grande partie autour de l’organisme La Maison d’Haïti, qui est transformé pour l’occasion en centre de gestion de crise. L’organisme met à la disposition de la communauté, dans les semaines qui suivent, 250 bénévoles qui se relaient pour assurer soutient, soins psychologiques et soins médicaux aux gens affectés par cette tragédie. Ce sont plus de 4500 familles qui aidées par la Maison d’Haïti suite au tremblement de terre.